« Parler du désert, ne serait-ce pas, d’abord, se taire, comme lui, et lui rendre hommage non de nos vains bavardages mais de notre silence ? » Théodore Monod
La Nature a depuis toujours joué un rôle essentiel dans ma vie et depuis tout petit je n’ai eu de cesse que de rechercher son contact sous toutes les latitudes. J’ai découvert le désert bien après la montagne, la mer et la forêt. Mais ce premier contact a été un véritable choc : le désert du RUB AL KHALI, au Yémen, un des plus vaste du monde. À cette époque, le Yémen se divisait en deux entre le Sud Yémen, capitale Aden et le Nord Yémen capitale Sana’a d’où je partais pour rejoindre Marib, l’ancienne capitale de la reine de Saba, puis faire route ensuite vers ce qu’on appelait à l’époque le territoire d’Oman.
Comment ne pas être fasciné par cette étendue presque sans fin de sable, où des dunes ocres et jaunes gigantesques s’étendent à l’infini ? Ici on a l’impression que tout est pareil, et qu’après avoir franchi une première dune, la suivante semblable lui succèdera et ainsi de suite, jusqu’à l’horizon dans une monotonie sans fin. Mais il n’en est rien, si l’on fait corps avec le désert, si on l’écoute et le regarde, on a vite fait de comprendre toute sa puissance, et combien ses visages sont multiples et différents.
Les couleurs tout d’abord, où suivant l’heure et le lieu où l’on se situe par rapport au soleil combinent toutes les variations des jaunes pales à l’ocre foncé pour tirer sur l’orangé et le rouge au coucher de l’astre
Le silence de la journée, lourd, si pesant qu’il vous engourdi fait place à la multitude de petits bruits nocturnes qui révèlent au soir une vie animale insoupçonnée
Se rendre dans le désert et y séjourner c’est se confronter à soit même. Je l’ai fait à plusieurs reprises, du Rub al Khali, au désert chilien d’Atacama, en passant par le Sahara et le désert du Hoggar.
Terres Nomades est un hommage à tous ces déserts et aux hommes qui les peuplent, les couleurs ocres essayant de restituer l’univers minéral des dunes, tandis que le vert renvoie au miracle de l’oasis qui permet à la vie de s’ancrer dans le néant. L’argan, le rhassoul et le cèdre de l’Atlas rappellent le Maroc tandis que les arômes de menthe sont un clin d’œil à l’hospitalité et à l’amitié de mes amis Touaregs du Hoggar chez qui le rituel de la cérémonie du thé m’a toujours enchanté.
Faites une halte inespérée en plein oasis, sentez les odeurs de menthe vous envahir et savourez le plaisir d’un coucher de soleil dans les dunes ..
Et pour finir, comme j’associe à chacun de mes savons un auteur ou une musique, pour Terres Nomades, j’ai choisi Antoine de Saint Exupéry en souvenir des heures passées à le lire dans les dortoirs des internats d’Embrun. Dans son ouvrage Terre des hommes, il écrit :« Le désert, pour nous, c’était ce qui naissait en nous. Ce que nous apprenions sur nous-mêmes. »